Bonjour Chantal, pourrais-tu nous expliquer ton métier d’infirmière coordinatrice en DAC ?
Le métier d’infirmière coordinatrice au sein du DAC (dispositif d’appui à la coordination) est un métier très vaste. Notre rôle principal est la coordination de soins mais nous ne sommes pas effectrices de soins.
Nous effectuons, si la situation le nécessite, des visites à domicile auprès des patients qui sont atteints d’une pathologie grave (cancer, SLA, etc…), auprès des personnes âgées ou même des personnes en fin de vie. Cette visite à domicile est programmée en binôme, soit avec une seconde infirmière, soit avec un médecin ou une psychologue afin d’évaluer la situation globale à domicile et de faire des propositions dans le but d’améliorer le maintien à domicile des patients. Elle peut aussi se faire en binôme avec un partenaire extérieur.
L’évaluation prend en compte les aspects médicaux, paramédicaux, sociaux, familiaux, et psychologiques. L’objectif est d’aider les patients à rester à domicile, si c’est leur souhait, dans les meilleures conditions.
Comment fait-on appel à vous ?
Toute personne peut faire appel au DAC : le patient comme ses proches, les professionnels médicaux, paramédicaux, sociaux, etc…. toute personne qui se trouve devant une difficulté de prise en charge d’une personne qui est à domicile dans des situations qui sont plus ou moins complexes. Elles peuvent nous contacter soit par téléphone, soit par mail ou fax en remplissant une fiche de premier contact.
Si la demande s’est faite par mail, on reprend souvent contact avec la personne qui nous a fait la demande d’appui afin d’obtenir plus d’informations pour déterminer quel est le meilleur binôme qui pourrait intervenir.
Tu parles de situations complexes, c’est-à-dire ? Quelles sont les pathologies pour lesquelles les IDEC sont les plus sollicitées ?
Une situation complexe est l’association de différentes difficultés, médicales, paramédicales, sociales, économiques…
Dans une situation de soins palliatifs, la complexité peut être, par exemple, des symptômes difficiles à gérer, une personne isolée ou avec une famille défaillante ou trop éloignée…
En gérontologie, la personne peut être en rupture de soins, familiale, ou dans une situation précaire.
A quoi ressemble une semaine type pour toi ?
La semaine commence par une réunion d’équipe où l’on présente les demandes d’appui que nous avons reçues la semaine précédente, et pour lesquelles de simples conseils n’étaient pas suffisants. Une décision commune est alors prise afin de déterminer la meilleure ressource qui se rendra au domicile de la personne qui sera prise en charge en lien avec les ressources adaptées du territoire.
Par la suite, le binôme retenu va contacter le médecin traitant afin d’échanger sur la situation et prendre ensuite rendez-vous avec le patient pour programmer une visite. La semaine est composée de visites à domicile, de mises en place des propositions, de coordination entre les différents partenaires et de rédaction de comptes rendus qui seront envoyés aux différents médecins présents dans le cercle de soins du patient. Nous assurons, également, le suivi de nos patients, prenons des nouvelles et traitons les différents appels et nouvelles demandes.
Quel est ton parcours soignant avant d’intégrer le DAC ?
J’ai commencé ma carrière en étant qu’infirmière libérale. Puis, je suis partie travailler dans l’humanitaire à l’étranger. A mon retour en France, j’ai travaillé 10 ans dans une unité de soins palliatifs puis 3 ans dans un SSIAD.
Ce qui m’intéresse c’est d’allier le soin palliatif et le domicile à travers le DAC*. Pour moi, le DAC m’a permis d’utiliser mes connaissances en soins palliatifs et de domicile pour faire de la coordination de soins, faire des préconisations, donner des conseils. J’ai également fait un DIU de soins palliatifs pour renforcer mes connaissances dans ce domaine qui m’intéresse particulièrement. D’autres compétences sont présentes dans l’équipe autour d’autres pathologies et parcours de santé.
Qu’est-ce qui t’a poussé à t’investir dans un DAC ? Qu’est ce qui te plaît le plus dans ton métier ?
Ce qui me plaît dans mon métier, c’est d’aller au domicile des patients et d’échanger avec les personnes, de les écouter et les conseiller sur les différentes problématiques qu’ils peuvent rencontrer, de les aider dans leur maintien au domicile en leur faisant des propositions.
J’apprécie notre capacité à apporter une expertise dans certaines situations, nos connaissances pour faciliter la prise en charge des patients à leur domicile.
Dans certaines situations, il peut arriver de discuter des situations éthiques dans lesquelles il faut se poser la question de la poursuite des soins, de l’arrêt des traitements, de la pertinence de certaines prises en charge et j’apprécie pouvoir échanger sur ces sujets.
J’aime beaucoup aussi, l’accompagnement des aidants, qui est pour moi très important. Prendre soin de la personne aidante, c’est prendre soin de la personne aidée, qui ne va pas l’un sans l’autre. Il faut prendre soin des deux.
Nous organisons aussi des journées de sensibilisation à destination des professionnels sur différentes thématiques comme les soins palliatifs, la maladie d’Alzheimer, la maladie SLA, la prise en charge de la douleur…
Quels sont les partenaires avec qui tu travailles le plus ?
On travaille le plus souvent avec les médecins généralistes, les professionnels hospitaliers, les USP, les HAD, les médecins gériatres, les oncologues et les libéraux comme les infirmières, les servies d’aides à domicile, les SSIAD, les services sociaux hospitaliers, les MDS, les PAT…
Nous avons évoqué de nombreux points positifs à ce métier, mais existe-t-il des difficultés particulières dans sa pratique ?
Oui, on est confronté de plus en plus à des situations sociales précaires et compliquées, qui demandent des connaissances au niveau social. Le fait que les missions du DAC soient élargies à tout âge toute pathologie nous confrontent à de nouveaux parcours, autres que ma spécialité.
Le mot de la fin ?
Un autre aspect qui me plaît dans ce métier, c’est de transmettre l’information, partager à des professionnels nos connaissances afin de les aider dans leur pratique au quotidien, leur proposer des conseils et des sensibilisations
* (NDLR): Chantal est dans l’Association depuis 2017, elle a connu une évolution de son métier lors de l’évolution des réseaux de santé tri-thématiques en DAC, avec une diversification des publics accompagnés (les DAC étant « tout parcours de santé ») et sans critère strict d’inclusion sur la complexité désormais. Chantal conserve toutefois une prévalence forte sur le parcours soins palliatifs.