Bonjour Morgane, nous allons parler de ton exercice en tant que psychologue coordinatrice en dispositif d’appui à la coordination, pourrais-tu te présenter avec ton parcours et nous expliquer les principales facettes de ton métier ?
Bonjour! Je suis psychologue coordinatrice au sein du DAC. J’ai obtenu mon diplôme d’état de psychologue en 2005. J’ai une formation en psychologie clinique et pathologique. Après mes études universitaires, mon parcours a été essentiellement gérontologique avec surtout une expérience en EHPAD puis en réseau de santé gérontologique, ensuite en réseau pluri-thématique et enfin DAC. J’ai connu l’évolution des réseaux de santé vers le DAC.
Très bien. Et au niveau du DAC, quelles sont tes missions ?
Mes missions au sein du DAC sont assez vastes. Je travaille surtout avec l’équipe dite « équipe d’expertise ». Je participe en général en binôme aux évaluations multidimensionnelles avec un regard surtout sur la dimension psycho-affective. Je travaille également autour de la démarche palliative donc je suis amenée à rencontrer des patients qui sont en situation palliative. Je peux intervenir, également, pour du soutien aux aidants familiaux. J’interviens en général en binôme au cours de ces visites et c’est une intervention ponctuelle. Ensuite, j’ai des missions de coordination sur le plan psychologique en instaurant éventuellement un soutien psychologique quand le patient ou ses proches en ont besoin. Cela consiste aussi en une orientation vers d’autres partenaires type plateforme d’accompagnement et de répit pour les aidants, ou vers les psychologues en établissements médico-sociaux qui peuvent aussi rencontrer les patients ou leurs aidants notamment dans les institutions dans lesquelles ils sont soignés.
Et justement quand tu parles des psychologues dans les structures, y a-t-il une convention ?
Non, il n’y a pas forcément de convention avec les psychologues des structures. Par contre, nous avons une convention avec les psychologues libéraux. En effet, le DAC peut financer quelques séances de soutien psychologique en libéral, en cabinet ou à domicile selon la situation. L’idée est de prendre contact avec les psychologues libéraux du territoire qui deviennent alors des personnes ressources vers lesquelles on oriente nos patients et leurs aidants.
Moi, je suis de formation psychologue clinicienne. Mais c’est un professionnel de ville qui va évaluer, analyser, repérer et réaliser des évaluations psychologiques auprès de patients en souffrance morale. Le but est de proposer des actions préventives et curatives pour soulager et améliorer cet état de souffrance et aider le patient à surmonter des étapes difficiles de sa vie.
Quels sont les critères pour orienter les patients vers ces psychologues libéraux ?
La personne doit être demandeuse d’un soutien psychologique. Elle doit résider sur notre territoire d’intervention. Pour les aidants familiaux qui habitent parfois sur d’autres départements, il nous arrive de prendre contact avec des psychologues d’autres départements. Ce soutien psychologique peut être dans le cadre d’un accompagnement oncologique, palliatif, gérontologique (relation aidant aidé), ou autre. Le but n’est pas de financer un travail psychothérapeutique au long cours mais de financer un soutien face à une problématique donnée dans une situation bien précise. On sait bien que lorsqu’il y a une maladie, cela touche à la santé mais cela va aussi toucher la sphère économique, familiale et d’autres paramètres. Bien souvent, le fait d’initier un soutien psychologique ouvre sur d’autres problématiques, certains patients décident de poursuivre leurs séances au delà de ce financement, c’est qu’ils y ont trouvé du sens et un bénéfice. Notre satisfaction c’est qu’on a réussi à leur montrer ce que pouvait leur apporter un soutien psychologique et de les engager dans cette démarche, c’est vraiment satisfaisant. Il faut prendre en compte la dimension économique car tout le monde ne peut pas se financer son suivi psychologique, c’est pourquoi nous faisons aussi appel au nouveau dispositif de la sécurité sociale « mon psy », ou à certaines mutuelles qui financent certaines séances.
Tu parles de soins palliatifs, y a-t-il d’autres pathologies un peu plus spécifiques où tu es beaucoup interpellée ?
Nous sommes de plus en plus interpellés aussi pour des personnes qui souffrent de SLA (Sclérose latérale amyotrophique), pour qui nous pouvons être amenés à intervenir et proposer un soutien psychologique. Nous intervenons aussi pour des personnes qui souffrent de maladies neurodégénératives, de pathologies cancéreuses.
Quand tu parles de soutien psychologique, peux-tu nous en dire davantage ?
Mon évaluation s’appuie surtout l’entretien clinique et mon analyse clinique. Je peux me servir de certaines échelles quand il y a besoin d’affiner et d’objectiver certains aspects. Mais la base reste l’entretien, l’échange avec les patients et les familles et les problématiques qui en découlent.
En général, combien de fois es-tu amenée à voir le même patient ? Sur des courtes périodes ?
J’interviens de façon ponctuelle pour donner un avis, un regard sur la situation. Cela ne veut pas dire que je vais effectuer le suivi. J’ai quelques suivis que je garde plus longtemps mais la plupart du temps se sont mes collègues infirmières qui vont ensuite se charger de suivre le parcours du patient. On est en binôme la plupart du temps, je suis rarement seule sur une situation. Pour ma part, je fais le lien avec un psychologue partenaire soit en institution, soit en libéral. Je prends bien sûr des nouvelles et le lien n’est pas coupé pour autant mais ce n’est pas un suivi étroit.
T’arrive-t-il également de faire des soutiens aux équipes de structures du territoire ?
Oui, on peut ponctuellement intervenir auprès d’équipes, par exemple en EHPAD ou en FAM, lorsqu’il y a une situation palliative, une situation de fin de vie un peu particulière, complexe ou alors lorsqu’il y a eu un vécu avec certaines familles qui a été ressenti comme difficile. On peut intervenir après coup pour débriefer avec l’équipe, recenser les ressentis de chacun, repérer quelles ont été les difficultés, rassurer aussi, car souvent les équipes font bien mais ont besoin de ce temps d’écoute et d’être rassurées sur leurs pratiques. Cela reste tout de même ponctuel.
Entendu. Quelles sont les difficultés que tu peux rencontrer le plus dans ta pratique ?
La difficulté serait de ne pas être en mesure de suivre les patients ou leurs aidants de façon optimale, étant donnée la file active et les nouvelles orientations qui arrivent chaque semaine. C’est pour cela d’ailleurs que l’on doit passer le relai aux partenaires afin qu’il puisse le faire de façon continue mais il y a un peu de frustration car quelquefois le lien se perd.
Une autre difficulté est également de réussir à trouver un psychologue acceptant de se déplacer au domicile en fonction du lieu de vie du patient. Certaines zones rurales sont difficiles d’accès.
Et qu’est ce qui te plait le plus dans ton métier ?
Ce qui me plait le plus, c’est la richesse du public rencontré, chaque semaine on voit des situations, des patients et des domiciles très variés et c’est vraiment plaisant. Il n’y a pas de routine. Ce qui est très intéressant également, c’est la rencontre avec une multitude de professionnels en lien avec le parcours du patient, de belles rencontres se créent. Des nouveaux apprentissages sur d’autres pratiques, des découvertes d’autres professionnels qui ont des formations particulières.
Ce qui me plait aussi beaucoup au DAC, c’est avoir la possibilité de se former de façon continue. On nous propose régulièrement des formations sur des sujets assez variés, ce qui est très enrichissant.
Quelles sont tes perspectives 2024 ?
Ce qui me plairait beaucoup, c’est de mettre en place des groupes de paroles, notamment pour les personnes endeuillées ou bien pour les jeunes aidants. On a repéré que sur notre territoire, il y a peu de groupes de paroles pour ce type de public.
Très bien. Merci Morgane pour ce témoignage.